Au terme d’une mise au point de plusieurs mois, Extinction Rebellion déclenchait ce lundi sa plus massive et ambitieuse opération jamais montée en Suisse – délaissant (temporairement) le secteur bancaire pour se tourner vers quatre géants du trading et du courtage maritime basées à Genève ou Lausanne. Quatre géants aux activités aussi discrètes que redoutables.

À Genève, trois d’entre ces cibles ont donc reçu la visite impromptue de militants déterminés à dénoncer, sous des formes diverses, l’impact humain et environnemental de « sociétés écocides spécialisées dans le commerce de matières premières » : Mercuria Energy Trading sa, haut lieu du négoce de pétrole et de produits pétrolier, Vitol, entreprise spécialisée dans le courtage en pétrole brut en en matière dérivée, et Cargill, gigantesque société américaine opérant tant dans la fourniture d’ingrédients alimentaires que dans le négoce des matières premières. À Lausanne, c’est Ifchor, compagnie de transport maritime de matière première disposant de 14 bureaux en Asie-Pacifique, en Europe, aux Moyen-Orient et aux États-Unis, qui aura fait les frais d’une occupation d’une petite heure. Quant à Nestlé, dont le siège se situe à Vevey, la multinationale s’est vue gratifiée d’une chaine humaine laissant présager d’une possible prochaine action…

Protestation à large spectre ayant nécessité la participation de quelques 400 rebelles tout comme la mise au point de scenarios ingénieux, cette campagne de sensibilisation aux ravages engendrés par un trading tentaculaire (déforestation massive, destruction d’écosystème, émissions de gaz à effet de serre, exploitation de travailleurs sans protection, etc.) n’a donné lieu à aucune plainte des compagnies intéressées, pas plus qu’à des interventions spectaculaires de la part de la police. Elle appelait ces sociétés à prendre leurs responsabilités relativement à l’environnement et aux droits humains. Madame Simonetta Sommaruga, la présidente de la Confédération, se voyait quant à elle sommée de faire acte de courage en dénonçant les « crimes d’écocide » dérivant de telles activités à large échelle.