Le 14 septembre 2020 à Berne s’est déroulée une réunion stratégique de l’Alliance climatique Suisse, regroupant la majeure partie des organisations, mouvements et partis agissant en Suisse pour le climat. Les résultats de cette réunion très courte (2h) peuvent être consultés ici. Parmi la cinquantaine de personnes, deux rebelles étaient présent-es : on vous raconte !

Un panorama des théories du changement des mouvements climats en Suisse

Les volontaires de l’Alliance Climatique ont abattu un sacré travail en recueillant et classifiant au préalable les « théories du changement » d’une quarantaine d’acteurs du paysage militant. On vous encourage à aller voir ça pour une vue d’ensemble détaillée du mouvement suisse !

Une synthèse visuelle proposée par l’Alliance Climatique : « Représentation possible de différentes stratégies sur l’axe de la profondeur par rapport à la largeur. La profondeur peut être atteinte, par exemple, par des formes de protestation plus radicales (désobéissance civile, grèves) ou par des unités plus petites (communes, quartier, communauté) dans lesquelles les mesures radicales sont majoritaires. L’objectif général de la largeur est de toucher une majorité de la population. »

L’importance de se coordonner, au-delà des dissensions

Toutes les personnes présentes se sont entendues sur l’importance d’une meilleure communication et coordination entre les différents acteurs climatiques. La diversité des stratégies est une force si elle est vue par tous-tes comme une complémentarité, et pas comme une bataille pour savoir qui a raison.

Pour illustrer, on a remarqué chez quelques personnes une certaine naïveté quant au rôle de la désobéissance civile (i.e. pour faire court : foutre le bazar et forcer les gens à choisir un côté), et un rejet de toute conflictualité, sans que celui-ci ne soit basé sur une analyse.

Reconstitution de la scène, lors d’une discussion en petit groupe sur « les actions controversées dans le mouvement climat »:

Monsieur X : « Oui mais la désobéissance civile et les actions directes, ça pose un problème, c’est trop controversé. Ça risque de diviser le mouvement et il faut qu’on soit unis. »

Rebelle F : « Concrètement, quel est le problème posé par le fait qu’on ne soit pas tous-tes d’accord sur les méthodes ? En quoi c’est mauvais, en quoi c’est une faiblesse et pas une force ? »

Monsieur X : « Donner l’impression qu’on n’est pas tous d’accord donne une mauvaise image du mouvement, surtout quand une frange plus radicale critique les autres. »

Rebelle F : « Au contraire, c’est cette frange considérée comme radicale qui élargit la fenêtre de discours, et permet au mouvement entier de se radicaliser petit à petit. Par exemple, en demandant la neutralité carbone en 2025, Extinction Rebellion permet de faire apparaître la Grève du Climat, qui la demande en 2030, comme complètement raisonnable – alors que sans ça 2030 serait déjà critiqué comme étant une cible exagérée. »

Les assemblées citoyennes : un concept à populariser d’urgence auprès des allié-es

Dans un autre groupe de discussion thématique portant sur « l’après loi CO2 », une autre rebelle a remarqué que le concept d’assemblées citoyennes recevait généralement beaucoup d’écho. Beaucoup de personnes / organisations se questionnent sur les façons d’augmenter la participation, mais n’ont pas de vision qui nous paraissait très ambitieuse ni transformatrice. On pense qu’il va être crucial d’expliquer rapidement le pouvoir des assemblées citoyennes à tous ces groupes de pression citoyens, en espérant les fédérer derrière.

Les initiatives populaires : un outil qui rassemble, mais avec des tactiques différentes

Beaucoup de personnes / organisations voient dans les initiatives populaires des outils vraiment utiles, mais ce qui était intéressant c’est que ce n’était pas toujours pour les même raisons. Pour certain-es, elles peuvent encore changer les choses malgré l’urgence, et devraient être formulées de manière à augmenter leurs chances de passer le plus vite possible (= initiative insuffisante mais réaliste). Pour d’autres, elles sont l’occasion de créer des discussions publiques et sont à voir comme des outils de mobilisation, et doivent donc être formulées de manière à demander des changements adéquats (donc radicaux), sachant qu’ils sont pour l’instant politiquement inacceptable (= initiative irréaliste mais portant une ambition suffisante). Enfin, pour les facétieux-ces désobéissant-es, le fantasme existe toujours d’atteindre une masse de sympathisant-es suffisante pour lancer à tour de bras des centaines d’initiatives (sérieuses ou farfelues, le jury est encore ouvert là-dessus), pour inonder le Parlement tant que le Conseil Fédéral n’instaure pas d’assemblées citoyennes.

Conclusion

On n’était que 2 au dernier moment à pouvoir libérer du temps pour aller à cette réunion pourtant importante – ça a bien failli être 0. Pas terrible, hein ? Pourtant être en contact et se coordonner entre mouvements et acteurs est crucial. C’est une tâche qui vous intéresse ? Écrivez au groupe national Birthing Strategy xrch-strategy@xrebellion.ch.